Témoignage : Aude, 28 ans, -70 kg

15 mai 2012

Chirurgie

Nous démarrons une série d’articles-témoignages de patients de l’Ipco et remercions Aude d’être la première à se livrer à l’exercice.

Lorsqu’Aude s’est déterminée, à 19 ans, à avoir recours à la chirurgie bariatrique pour lutter contre son obésité, elle y avait déjà pensé. Non majeure à l’époque, sa demande n’avait pas aboutie. C’est une rupture sentimentale qui la décide à lutter contre son obésité ; elle pèse alors 140 kg pour 1m65 (soit un IMC de 51). Absolument pas complexée par son poids (elle montre une photo d’elle en maillot deux pièces près d’une piscine), Aude commençait à sentir que son corps (hanches, chevilles et genoux) fatiguait. Elle ne le sait pas encore, mais c’est le début d’une longue « aventure » qui l’a amenée à diviser son poids par 2 !

Aude avant la pose d'un anneau gastrique
Aude avant

Aude après sa sleeve
Aude après

L’anneau gastrique

Le bilan réalisé l’oriente vers la pose d’un anneau gastrique ; en effet, son problème d’obésité était plus sur la quantité ingérée que sur la qualité. Cette technique, qui entraîne une restriction du volume des repas et un sentiment de satiété plus tôt et pendant plus longtemps, était alors nouvelle, et pas encore bien perçue. Malgré tout, l’opération se déroule bien, alors qu’Aude avait déjà perdu 10 kg avec le régime « soupe aux choux + fromage blanc » durant le mois qui précède l’opération de chirurgie de l’obésité.

Bien sûr, l’anneau gastrique a quelques effets : « j’ai perdu des cheveux, j’étais fatiguée, et je n’arrivais plus à manger du pain et de la viande rouge, mais ce n’est pas le cas de tous les opérés » se souvient Aude. Il faut également être calme pour manger et ne pas être contrarié, pas évident quand on travaille dans la restauration !

La pose de l’anneau gastrique a été suivi, un an après, par une lipectomie pour enlever le surplus de peau au niveau du ventre (et 4 kg en moins !).

Malgré la pose de l’anneau, Aude regrossit, en partie parce qu’elle a arrêté de fumer. Par ailleurs, le stress lié au travail en entraîné une dilatation de l’œsophage (au-dessus de l’anneau) : l’anneau est alors desserré, « je me suis fait plaisir, et j’ai donc repris du poids » explique Aude avec le sourire.

La sleeve


Ainsi, début septembre 2010, Aude se fait enlever l’anneau gastrique pour qu’on lui pratique une sleeve (aujourd’hui, ces deux étapes font l’objet de deux opérations distinctes). La gastrectomie « sleeve » consiste en la résection verticale de plus des 2/3 de l’estomac. L’ablation d’une majeure partie de l’estomac, outre son caractère restrictif, élimine une quantité importante de cellules gastriques (les cellules pariétales) qui sécrètent la ghréline, l’hormone qui stimule l’appétit en agissant au niveau du système nerveux central.

Elle sort de la clinique 4 jours plus tard et commence à manger « liquide » (bouillons, glaçons avec du sirop…). Le rendez-vous avec le Dr. Kolmer, une semaine après l’opération, permet de voir que tout va bien, et qu’Aude peut commencer à manger des compotes, des purées liquides.

Les complications

Mais, le soir même, elle est prise de tremblements et d’une forte poussée de fièvre. Après 2 appels au SAMU après avoir contacté l’infirmière opératoire du Dr Sébastien Kolmer qui lui a permis de donner les arguments pour être hospitalisée, Aude arrive aux urgences. Prévenu par son infirmière le lendemain, le Dr Kolmer opère Aude d’extrême urgence. Il s’avère alors qu’elle avait une fistule : ce qu’elle mangeait et les sucs gastriques se déversaient dans son corps…

La gravité de la situation fait qu’elle intègre, une première fois, les soins intensifs. « Branchée de partout » (électrocardiogramme, sonde urinaire, etc.), elle ne peut ni se lever, ni boire, ni manger.

Elle subit alors une troisième opération par le gastroentérologue Védrenne. Celui-ci lui pose un drain en double queue de cochon : ce dispositif doit drainer la cavité pour qu’elle se rétracte d’elle-même et ferme ainsi la fistule. Après un contrôle par scanner, on constate que le drain a bougé, et qu’il risque d’endommager la rate. C’est le retour sur la table d’opération, une nouvelle fois en urgence, et aux soins intensifs (aujourd’hui, Aude y retourne, mais c’est pour voir le personnel qu’elle qualifie volontiers d’« exceptionnel »).

Aucune hémorragie n’étant constatée, Aude peut retourner à la Clinique, pour se faire poser un autre stent (quadrillage métallique étanche), qui bouge à son tour. Une 6ème intervention permet de remettre le stent en place. Un retour à la maison est envisagé, après qu’Aude a passé 8 jours à vomir de la bile (elle est toujours nourrie par les veines).

Retour à la maison

Pour ce faire, on lui pose un pack. « Je n’ai pas mangé depuis plus de 2 mois, explique Aude. Durant ce mois de novembre 2010, je suis alimentée par voie entérale : une infirmière, hors-du-commun, me met en place, quotidiennement, les perfusions qui durent 12 heures ! »

Début décembre, le stent est retiré. La cavité a été nettoyée grâce à une sonde naso-gastrique qui permettait d’effectuer des lavages journaliers. Elle peut alors recommencer à manger normalement. « Le Dr. Kolmer et le gastroentérologue m’ont dit que je pouvais manger une côte de bœuf si j’en avais envie, mais après avoir passé 3 mois sans rien ingérer, j’ai commencé par du bouillon et de la compote » se souvient Aude.

« Si c’était à refaire, je le referais »

Pour Aude, qui a donc connu un parcours compliqué et qui a mis plusieurs fois en jeu sa vie, « c’est mon histoire, et je ne la regrette pas. » Les opérations pratiquées par le Docteur Sébastien Kolmer lui ont sauvé la vie, mais lui ont surtout, insiste Aude, changé la vie. Il a fait techniquement ce qu’il fallait pour qu’elle puisse perdre du poids. Elle se souvient alors comment « l’anneau gastrique était une béquille autant physique que psychologique ».

Aujourd’hui, Aude mange juste pour se nourrir (elle n’a plus faim, c’est l’une des conséquences de la sleeve), sait qu’elle devra prendre des médicaments à vie, retravaille (depuis janvier 2011, soit un gros mois après la dernière opération majeure), et ne voit plus la vie de la même manière (elle relativise beaucoup plus et voit chaque nouvelle journée comme « une nouvelle aventure »).

En tous cas, une chose est sûre, elle a gardé le sourire et son entrain (« même si ce n’est pas facile tous les jours » souligne-t-elle). Durant ces longues semaines, Aude reconnaît avoir craqué 3 fois, préférant sourire, considérant « qu’il faut faire avec ».

Le mot de la fin ?

« Patience » est pour Aude le mot-clé majeur. S’engager dans un processus de chirurgie de l’obésité prend du temps (un an entre le premier rendez-vous et l’opération), même sans complications. Il faut en connaître les risques que l’ensemble de l’équipe médicale de l’Ipco cherche à réduire.

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